Prix pour les jeunes 2019

Prix pour les jeunes 2019

Les concurrentes et les concurrents ont présenté un « extended abstract » qui a été évalué par le jury avant le congrès. Les cinq candidat(e)s  ayant obtenu le plus grand nombre de points ont été invités à faire une présentation de 10 minutes suivie d’une discussion de 8 minutes. Une présentation en anglais a été exigée des finalistes.
Sur les dix concurrents qui se sont présentés, les personnes suivantes ont été qualifiées pour la finale :

  • Claire Nicolas: Sporting nationalism in Ghana and Côte d’Ivoire (1945-1980)
  • Xenia Fischer: Telephone coaching and prompting for physical activity promotion: Results of the three-armed randomized controlled trial “Movingcall”
  • Marie Simonet: Inhibitory control task complexity does not influence generalization patterns
  • Yves-Alain Kuhn: Improved postural control in the elderly after long-term balance training is related to changes in intracortical inhibitory modulation
  • Lukas Stresse: High-intensity interval training improves cerebrovascular phenotype: diagnostic and epigenetic implications

Yves-Alain Kuhn (université de Fribourg), a remporté le prix de la relève cette année, suivi de Lukas Streese (université de Bâle) et de Marie Simonet (université de Lausanne). D’autres interventions de grande qualité ont été faites également par Xenia Fischer (université de Bâle) et Claire Nicolas (université de Lausanne. En vue de reconnaître l’excellence du travail des gagnants/gagnantes, leur contenu est résumé ici :

Yves-Alain Kuhn :

Dû au vieillissement, les personnes de plus de 65 ans démontrent un déclin au niveau du contrôle postural lorsque comparées à de jeunes adultes. Ainsi, les seniors encourent un risque accru de chute dans leur vie quotidienne. Aussi, particulièrement chez ces personnes âgées, les chutes représentent un risque majeur pour leur santé et impliquent des coûts de la santé importants.
D’après les dernières recherches, il semblerait que le déclin du contrôle postural chez les personnes âgées soit notamment associé à des changements fonctionnels neuronaux comme, par exemple, une « sur-activation » corticale généralisée ainsi qu’une diminution de l’inhibition corticale au sein du cortex moteur primaire (M1). On sait, aujourd’hui, qu’une activité suffisante des circuits inhibiteurs corticaux dans M1 est cruciale pour un contrôle moteur intact et performant. Néanmoins, on ne sait toujours pas si des interventions ciblées, chez des personnes âgées, sont en mesure de rétablir un niveau d’inhibition corticale dans M1 proche de celui retrouvé chez de jeunes adultes, démontrant un risque faible de chute.
Afin de répondre à cette question, notre étude avait pour but d’investiguer si un entraînement de l’équilibre d’une durée de 6 mois permet à des seniors âgés entre 66 et 81 ans de ralentir ou de « contrer » le déclin d’activité des circuits inhibiteurs corticaux dans M1, principalement lié à l’âge. Aussi, un potentiel lien entre le taux d’inhibition et le niveau d’équilibre devait être testé afin de comprendre si l’un des paramètres contribue à l’autre (ou vice-versa).
Les résultats de cette étude ne démontrent pas seulement qu’après 6 mois d’entraînement de l’équilibre, le groupe ayant subi l’intervention (comparé à un groupe contrôle) démontre de meilleures capacités d’équilibre sur un engin instable, mais aussi que le taux d’inhibition corticale dans M1 augmente chez les groupe qui s’est entraîné. Dans cette optique, nos résultats semblent indiquer que le processus dégénératif impliquant une diminution d’activité des circuits inhibiteurs corticaux dans M1 peut être « contré ». Aussi, la corrélation entre les changements comportementaux (niveau d’équilibre) et les changements neurophysiologiques (taux d’inhibition dans M1) après 6 mois d’entraînement renforcent l’idée qu’un taux optimal d’inhibition corticale dans M1 semblerait être associé à un bon contrôle postural (ou vice-versa), comme nous l’avons précédemment démontré chez de jeunes adultes de moins de 30 ans.

 

Lukas Stresse:

L’étude de Lukas Streese porte sur l’effet d’un entraînement très intensif de 12 semaines sur le fonctionnement des petits vaisseaux sanguins. Dans le cas de patients présentant un risque cardiovasculaire, l’entraînement a eu pour résultat une amélioration de la fonction vasculaire. Une réduction du stress oxydant et une augmentation de la biodisponibilité du monoxyde d’azote ont été les mécanismes à la base de l’amélioration. L’étude qui a adopté pour la première fois une approche interdisciplinaire a révélé que le fonctionnement des petits vaisseaux sanguins peut être amélioré par l’entraînement. D’autre part, l’étude a pu démontrer que l’entraînement déclenche une cascade de mécanismes épigénétiques qui entraîne une diminution du stress oxydant.

 

Marie Simonet :

Cette étude se donne comme objectif d’investiguer les effets de transfert qu’induit l’entraînement d’une tâche complexe qui regroupe plusieurs composantes exécutives. Dans ce but, des sujets sains adultes se sont entraînés sur un ordinateur pendant 10 jours avec une tâche Go/NoGo simple ou une tâche Go/NoGo complexe. Les effets de ces deux entraînements ont été mesurés par des tâches dites de transfert qui impliquaient, ou non, certaines des composantes entraînées. Les changements fonctionnels du cerveau ont été mesurés grâce à un enregistrement encéphalographique au début et à la fin des 10 sessions. Nos résultats montrent qu’un entraînement intensif avec une tâche complexe impliquant différentes composantes exécutives ne transfère pas vers d’autres tâches non-entraînées, malgré la présence de changements fonctionnels dans des aires préfrontales « domain-general » qui supportent ces différentes composantes exécutives. Cette étude est importante car elle démontre la spécificité des effets d’un entraînement cognitif et nous pousse à être critiques face à l’émergence des « brain training interventions » en sciences du sport.